LAPIS Laboratoire des Arts pour les Sciences

làpis = du latin LÀPIS, pierre naturelle très dure de couleur rouge, appelé aussi crayon et mercure minéral (cinabre), dont se servent les peintres pour dessiner.

Arthur Lepizig, Chalk games, Prospect Place, Brooklyn, 1950

Le laboratoire explore les processus de représentation de la pensée scientifique à l’aide des outils de figuration employés par les disciplines artistiques. Dans les domaines de l’architecture et de l’ingénierie, les arts accompagnent le développement et l’exécution de tout projet : du stade où les idées et les concepts se concrétisent au travers de figures sensibles, jusqu’à celui ou les formes trouvent un support stable qui leur permette de survivre à la condition transitoire de leur élaboration.

Cette capacité à transformer les idées en images, une attitude extraordinaire de l’intellect humain, a permis de transmettre et conserver un patrimoine inouï de connaissances techniques et intellectuelles.

Dans les domaines artistiques, la représentation signifie à la fois son contenu et l’acte même de représenter. Il s’agit donc de la perception consciente d’un objet par l’expérience sensible de ses caractéristiques matérielles, mais aussi l’intuition de son essence par l’expérience émotionnelle faite par la pensée, les passions, l’imagination ou par la fantaisie. C’est un processus au travers duquel prennent forme les idées, les perceptions, les images, les opinions et les concepts, où ceux-ci apparaissent en tant qu’identités distinctes, c’est-à-dire le processus avec lequel elles se ” présentent “.

La figuration définit, à travers des formes abouties, l’idée représentée, qui peut être soit un objet concret soit une image élaborée par la fantaisie. C’est l’explicitation tangible d’une image de la pensée au moyen de formes transmissibles. C’est une représentation figurée d’une idée ou d’un concept au moyen de l’art, le passage d’une identité représentée vers une figure précisément définie.

On peut dire, de manière simplifiée, que la représentation définit sommairement le caractère d’une intuition ou d’une idée, alors que la figuration – représentation figurée – précise concrètement et de manière particulière l’aspect de cette même intuition. La simple représentation renvoie au monde des perceptions et des idées, alors que la figuration s’emploie à élaborer un monde concret et tangible.

L’architecture est une discipline complexe et hétérogène qui embrasse aussi bien les sciences humaines que les domaines techniques et artistiques. Son contenu combine de manière inséparable des composantes intellectuelles, scientifiques et poétiques. C’est pourquoi la représentation et la figuration d’une idée d’architecture nécessitent une approche qui doit être à la fois théorique, technique et poétique.

Die Welt ist meine Vorstellung.”

(Arthur Schopenhauer, Die Welt als Wille und Vorstellung, Erstes Buch, § 1., Bibliographischen Institut F.A. Brockhaus, Leipzig 1819)

Selon sa mission explicite, le laboratoire explorera un monde suspendu entre art et science. Il proposera une approche émotionnelle aux disciplines fondées sur la recherche de certitudes et de raisons objectives. Toute représentation a comme principe de base la condition d’absolue subjectivité de l’objet représenté envers le sujet qui élabore la représentation. On peut facilement observer cela en architecture où différentes solutions architecturales peuvent exprimer une même idée, mais aussi le contraire, où différentes images peuvent représenter une seule et même architecture. En effet, comme pour les autres formes d’expression artistique, en architecture la réalité observée est profondément liée au point de vue de l’observateur. Le principe qui veut que “le monde est ma représentation” définit clairement la différence entre la chose en soi et comment elle nous apparaît. Pour l’homme la réalité correspond à sa perception du monde. Sa vérité coïncide avec l’apparence des choses, c’est une réalité relative. La vérité de l’artiste est celle qu’il veut représenter et figurer, la vérité du scientifique est celle qu’il réussit à démontrer et la vérité de l’architecte prend probablement place entre les deux, c’est seulement une vraisemblable vérité.